La France est le troisième consommateur mondial de pesticides. Ces produits chimiques sont fortement soupçonnés d’être dangereux pour la santé des agriculteurs comme pour celle des consommateurs. Un livre récemment publié relance le débat sur ce thème. Son titre : "Pesticides. Révélations sur un scandale français".
Faut-il vraiment avoir peur des pesticides ? Au début de ce printemps, les éditions Fayard ont publié un livre au titre choc : "Pesticides. Révélations sur un scandale français". Les deux auteurs, Fabrice Nicolino et François Veillerette, sont respectivement journaliste et président d’une association, le Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF). Cet ouvrage a immédiatement rencontré un écho important dans la presse.
Les pesticides sont soupçonnés de provoquer des cancers et des maladies neurodégénératives, telles que la maladie de Parkinson. Ils entraîneraient également des troubles de la reproduction et du développement, ainsi que des perturbations endocriniennes. L’affaire est d’autant plus importante que la France est le troisième consommateur mondial de ces produits chimiques, après les Etats-Unis et le Japon. Quelque 76 000 tonnes d’herbicides, insecticides et fongicides ont ainsi été utilisées en 2004 dans l’Hexagone, principalement par des agriculteurs.
Du benzène dans les pesticides
Faute d’étude systématique, les cas de maladies liées à l’exposition aux pesticides sont peu connus. La presse s’en fait néanmoins l’écho, de manière sporadique. Ainsi, l’hebdomadaire L’Express a rendu compte en janvier dernier de la bataille judiciaire menée par un agriculteur vosgien. Atteint d’une maladie du sang susceptible de se transformer en leucémie aiguë, cet exploitant s’est vu refuser la reconnaissance de son affection en pathologie professionnelle. Or, sa maladie est caractéristique chez les employés des raffineries exposés au benzène. A force d’acharnement, il a réussi à montrer la présence de benzène dans les pesticides utilisés pour son exploitation. Par la suite, le tribunal des affaires de Sécurité sociale (Tass) des Vosges a reconnu l’origine professionnelle de sa maladie. Le benzène est classé produit cancérogène par l’Union européenne.
Faute d’étude systématique, les cas de maladies liées à l’exposition aux pesticides sont peu connus. La presse s’en fait néanmoins l’écho, de manière sporadique. Ainsi, l’hebdomadaire L’Express a rendu compte en janvier dernier de la bataille judiciaire menée par un agriculteur vosgien. Atteint d’une maladie du sang susceptible de se transformer en leucémie aiguë, cet exploitant s’est vu refuser la reconnaissance de son affection en pathologie professionnelle. Or, sa maladie est caractéristique chez les employés des raffineries exposés au benzène. A force d’acharnement, il a réussi à montrer la présence de benzène dans les pesticides utilisés pour son exploitation. Par la suite, le tribunal des affaires de Sécurité sociale (Tass) des Vosges a reconnu l’origine professionnelle de sa maladie. Le benzène est classé produit cancérogène par l’Union européenne.
Les auteurs de "Pesticides. Révélations sur un scandale français" citent pour leur part le Dr Jean-Luc Dupupet. "On sait qu’environ 100 000 paysans par an se plaignent à la suite de traitements [des cultures par des pesticides, NDLR]. Ils éprouvent des nausées, des problèmes neurologiques, présentent des éruptions cutanées", indique ce médecin du travail à la Mutualité sociale agricole (MSA). "Notre réseau s’occupe surtout des cas d’intoxication aiguë, avec hospitalisation", précise-t-il.
La MSA a créé en 1991 un réseau de toxicovigilance, intitulé Phyt’attitude. Il "recense, analyse et valide les signalements d’accidents ou d’incidents survenus lors de l’utilisation professionnelle de produits phytosanitaires", communément appelés pesticides. La synthèse des observations de 2002 et 2003 montre que ces produits sont mis en cause deux fois sur trois dans les signalements reçus. Au cours de cette période, les produits classés toxiques ont été surreprésentés (près d’un quart des signalements). La MSA a mis en place en février 2004 un numéro vert pour faciliter et encourager ces déclarations.
Résidus dans les fruits et légumes
En mars 2005, la MSA a annoncé le lancement d’une étude visant à mieux connaître le lien entre les activités agricoles et les problèmes de santé, en particulier la survenue des cancers. Baptisée "Agrican", elle est fondée sur les réponses à un questionnaire envoyé à 700 000 professionnels. Les premiers résultats sont prévus pour fin 2009. La MSA justifie cette enquête par le fait de l’observation d’une plus grande fréquence de certains cancers (prostate, estomac, leucémies, cancers cérébraux et cutanés) chez les agriculteurs que dans le reste de la population.
En mars 2005, la MSA a annoncé le lancement d’une étude visant à mieux connaître le lien entre les activités agricoles et les problèmes de santé, en particulier la survenue des cancers. Baptisée "Agrican", elle est fondée sur les réponses à un questionnaire envoyé à 700 000 professionnels. Les premiers résultats sont prévus pour fin 2009. La MSA justifie cette enquête par le fait de l’observation d’une plus grande fréquence de certains cancers (prostate, estomac, leucémies, cancers cérébraux et cutanés) chez les agriculteurs que dans le reste de la population.
Reste une question d’importance : quel est l’impact des pesticides sur la santé de la population générale ? L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) indique que, dès les années soixante, "des phénomènes de résistance chez les insectes, puis des troubles de la reproduction chez les oiseaux, ont montré de façon spectaculaire les limites et les dangers des résidus de pesticides pour l’environnement, les écosystèmes mais également les êtres humains, du fait de leur dissémination hors des zones d’application".
Les agriculteurs ne sont donc pas les seuls exposés aux pesticides. L’ensemble de la population pourrait être contaminé puisque tout un chacun, via la consommation de fruits et légumes, est susceptible d’ingérer ces produits, présents sous forme de résidus sur les aliments. Pour en avoir le cœur net, l’Union européenne contrôle chaque année, depuis 1998, la qualité des produits. Les résultats de 2005 montrent que la France se situe au-dessus de la moyenne européenne. Plus de 50 % des échantillons testés contenaient des résidus de pesticides. Plus de 7 % d’entre eux présentaient même des teneurs supérieures aux limites maximales autorisées ! Enfin, près du quart (23,7 %) contenaient des résidus de plusieurs pesticides.
Face à ces mauvais résultats, les pouvoirs publics viennent de mettre en place l’Observatoire des résidus de pesticides (Orp). Il doit rassembler les informations disponibles, évaluer la dangerosité des produits et, enfin, rendre ces informations accessibles au public. Un site Internet spécifique diffuse d’ores et déjà des données sur l’état de contamination des eaux et des sols (www.observatoire-pesticides.gouv.fr). Face à une telle menace pour la santé publique, le principe de précaution doit être mis en œuvre sans attendre.
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