Ce documentaire de Jean-Paul Jaud se base sur l’étude du Pr Séralini publiée cette semaine.
Le réalisateur Jean-Paul Jaud, grand défenseur d'une agriculture moins dépendante de l'industrie chimique, signe avec « Tous cobayes? » un plaidoyer anti-OGM s'appuyant sur une étude française alarmiste qui vient de relancer le débat sur l'innocuité d'un maïs transgénique.
L'auteur de « Nos enfants nous accuseront » (2008), qui s'attaquait alors à l'usage de pesticides, a suivi mois après mois l'équipe du Pr Gilles-Eric Séralini. Ce chercheur basé à Caen, ouvertement anti-OGM, a publié mercredi une étude qui a conduit Paris et Bruxelles à saisir leurs agences sanitaires pour un avis.
Ces travaux d'une longueur inédite (deux ans) affirment que les rats nourris avec du maïs NK 603 de Monsanto - et pour certains avec de l'eau comprenant de l'herbicide Roundup auquel ce maïs transgénique résiste - développent beaucoup plus de tumeurs cancéreuses.
Le film, en salles le 26 septembre, montre de nombreuses scènes de laboratoire où des scientifiques emmaillotés comme des chirurgiens examinent les rats. Certains rongeurs vont développer d'énormes tumeurs, allant jusqu'à 20% de leur poids. Notamment après le 3ème mois, la durée des études classiques de toxicologie, selon les chercheurs.
Jean-Paul Jaud a travaillé tout en gardant le secret sur l'étude engagée par le Pr Séralini, celui-ci expliquant avoir récupéré clandestinement des semences de ce maïs NK 603 via un lycée canadien ayant requis l'anonymat.
Le NK 603 n'est pas cultivé en Europe mais est importé pour l'alimentation animale. « Les semenciers refusent de donner des semences aux chercheurs, » affirme le scientifique.
Corinne Lepage, députée européenne qui se bat depuis des années à Bruxelles contre les OGM, est très présente dans le documentaire. « Les premiers qui ne veulent pas de la recherche, ce sont eux, les semenciers, » accuse-t-elle. « Il n'y a pas de problème, car il n'y a pas d'étude » de long terme, ajoute la députée.
A l'écran, la progression de l'étude est entrecoupée de scènes de fauchages de champs d'expérimentation d'OGM en France (désormais suspendue), de procès de faucheurs qui s'ensuivent et de manifestations de soutien. Autant de moments rythmant la vie de militants écologistes.
La parole est aussi donnée à plusieurs paysans bio expliquant leur choix et leurs préoccupations sur les conséquences des pesticides pour la santé des agriculteurs.
Parallèlement à l'argumentaire anti-OGM, le film s'attaque aussi au nucléaire, auquel le réalisateur est farouchement opposé. En cours de tournage, « il y a eu le choc de la catastrophe de Fukushima au Japon et j'ai alors décidé de réunir dans mon film ces deux technologies mortifères contrôlées par une minorité de prédateurs, » confie à l'AFP Jean-Paul Jaud.
Du coup, le film l'a emmené au Japon, jusque dans les zones de campagne vidées de leurs habitants en raison d'une radioactivité trop élevée.
Mêlant OGM et nucléaire, le commentaire - narré par l'acteur Philippe Torreton - parle même d'une « troisième guerre mondiale sacrifiant l'homme, l'animal et le végétal. »
Selon le réalisateur, plusieurs acteurs pro-OGM ont refusé de lui répondre. « De toute façon, je ne suis pas un journaliste, je suis cinéaste et je revendique une subjectivité, » explique Jean-Paul Jaud. Si l'homme refuse l'étiquette de militant, il revendique celle de « cinéaste citoyen. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire