Les pesticides sont des substances dont la terminaison du nom en « cide » indique qu’ils ont pour fonction de tuer des êtres vivants. sont utilisés en agriculture.Un pesticide est composé d’un principe actif d’origine naturelle ou synthétique. Un Organisme Génétiquement Modifié (OGM) est un organisme vivant, végétal ou animal qui a subi une modification non naturelle de ses caractéristiques génétiques initiales.
mardi 23 juin 2015
PESTICIDES une production mondiale en forte progression
PESTICIDESune production mondiale en forte progression
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/06/13/pesticides-les-preuves-du-danger-s-accumulent_3429549_3244.html#LVcEZwGG5wAVTPeR.99
Marché En 2011, le marché mondial des pesticides s'élevait à 44 milliards de dollars (33 milliards d'euros), en progression de 13,6 % par rapport à 2010. 27,7 % de ce chiffre d'affaires est réalisé en Europe. Viennent ensuite l'Asie, de l'Amérique latine, l'Amérique du Nord et de l'Afrique.
Utilisation Les Etats-Unis constituent le premier consommateur mondial de pesticides. Suivent l'Inde, la France et l'Allemagne. Rapporté à l'hectare cultivé, le Japon arrive en tête (12 kg/ha) devant l'Europe (3 kg/ha), les Etats-Unis (2,5 kg/ha) et l'Inde (0,5 kg/ha).
Types En Europe, le marché phytosanitaire est dominé par les herbicides et les fongicides.
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Pesticides : les preuves du danger s'accumulent
En dépit des dénégations des industriels du secteur, les pesticides sont bel et bien impliqués dans un grand nombre de pathologies lourdes. REUTERS/SUKREE SUKPLANG
En dépit des dénégations des industriels du secteur, les pesticides sont bel et bien impliqués dans un grand nombre de pathologies lourdes – cancers, maladies du sang, troubles neurologiques, malformations, etc. – dont l'incidence tend à augmenter dans le monde. C'est l'idée-force d'une impressionnante expertise collective menée sur l'ensemble des connaissances internationales actuelles, et pilotée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui l'a rendue publique jeudi 13 juin.
Cette synthèse rassemble les données épidémiologiques issues de nombreux pays (Etats-Unis, Canada, Australie, Finlande, Danemark, etc.), qui précisent les effets sanitaires des principaux produits phytosanitaires : insecticides, herbicides et fongicides. Une grande part du rapport concerne les expositions professionnelles (agriculteurs, ouvriers du secteur agrochimique, etc.), mais aussi les personnes vivant ou travaillant dans ou à proximité de zones agricoles. En France, terre d'agriculture, 15 % de la population sont ainsi concernés.
"AUGMENTATIONS DE RISQUES SIGNIFICATIVES"
Après avoir passé au crible la littérature scientifique internationale, les experts concluent que l'exposition à des pesticides conduit à "des augmentations de risques significatives pour plusieurs pathologies".
C'est ainsi que chez les agriculteurs, les ouvriers de l'industrie qui fabriquent ces produits ou ceux qui les appliquent, il y a une "présomption forte" d'association entre une exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de certaines proliférations malignes de cellules lymphoïdes (lymphomes non hodgkiniens) et de cancers de la prostate. Les agriculteurs et les applicateurs de pesticides sont également exposés à un risque accru de myélome multiple, une autre prolifération maligne dans la moelle osseuse. Et ce n'est pas tout. Que ce soit dans le cadre d'expositions professionnelles ou non, les adultes présentent un plus grand risque à développer une maladie de Parkinson.
Un lien avec d'autres pathologies comme les tumeurs du système nerveux central est aussi suspecté. En Gironde, par exemple, région viticole très consommatrice de pesticides, l'incidence de ces maladies est trois fois supérieure au niveau national. Entre 2000 et 2007, elle a augmenté de 17 %.
"ATTENTION AU SYNDROME DU RÉVERBÈRE"
Les travaux internationaux examinés mettent en lumière un autre fait majeur : la période de vulnérabilité que représente la grossesse. "Il y a une présomption forte d'un lien entre une exposition professionnelle de la femme enceinte à certains pesticides et un risque accru pour l'enfant de présenter un hypospadias ou de développer, plus tard, un cancer cérébral ou une leucémie", constate l'épidémiologiste Sylvaine Cordier (Inserm, université Rennes-I) et coauteure du rapport. Selon des données internationales, l'exposition professionnelle du père ou de la mère augmente de 30 % à 53 % le risque de tumeurs cérébrales de l'enfant à naître.
Les agricultrices enceintes ne sont pas les seules concernées. Celles qui habitent dans des zones agricoles d'épandage ou celles qui utilisent les pesticides à des fins domestiques le sont également : "Des études montrent un risque augmenté, pour l'enfant à naître, de leucémies, de troubles de la motricité fine, de déficit cognitif, de troubles du comportement comme l'hyperactivité", ajoute Mme Cordier.
Si les preuves sont suffisantes pour agir vis-à-vis de certains produits – les organochlorés et les organophosphorés –, Jean-Paul Moatti, directeur de l'Institut thématique "Santé publique" commun aux organismes de recherche publics français met en garde : "Attention au syndrome du réverbère où l'on ne regarde que ce qui est éclairé. Notre expertise collective pointe le développement de nombreuses pathologies, mais de futurs travaux pourraient découvrir des effets insoupçonnés des pesticides analysés, ou mettre en évidence la toxicité d'autres substances."
DES DÉCISIONS POLITIQUES ATTENDUES
Les auteurs recommandent donc d'"améliorer les connaissances sur l'exposition des populations" et d'obtenir la composition complète des produits mis sur le marché, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, les formules commerciales restant protégées par le secret industriel. En Europe, ces données ne peuvent être réclamées par un seul pays – comme aux Etats-Unis –, car elles relèvent de la règlementation communautaire.
"Si les auteurs de cette large expertise réclament surtout que l'on fasse plus de recherche, dit de son côté François Veillerette, porte-parole de l'association Générations futures, ils n'en tirent pas moins des conclusions très fortes, qui doivent mener à des décisions politiques : vente des pesticides interdites à des utilisateurs non professionnels ou interdiction pour les collectivités publiques d'y avoir recours…"
Retirer du marché les produits est parfois nécessaire mais pas toujours suffisant. Les scientifiques le savent bien. "De nombreux produits ont été interdits mais les plus persistants demeurent présents dans l'environnement ou s'accumulent dans la chaîne alimentaire, dont l'homme constitue le dernier maillon." Pour le député socialiste Gérard Bapt, qui avait déjà lancé l'alerte sur les dangers sanitaires du bisphénol A, et qui a organisé la présentation des résultats de l'expertise à l'Assemblée nationale, "ce travail montre l'ampleur du problème en matière de santé publique. La question est de savoir si, comme dans le cas du chlordécone aux Antilles, nous n'avons pas dépassé le point de non-retour".
EFFETS PESTICIDES
Pesticides et environnement
L'eau un bien précieux
Au même titre que l’air que nous respirons, l’eau est un élément vital pour notre survie. Préserver sa qualité est donc un enjeu majeur pour l’homme qui a toujours veillé à limiter au maximum la probabilité de retrouver des traces de pesticides dans les nappes phréatiques ou les eaux superficielles.
En cherchant à sensibiliser les agriculteurs sur le bon usage des pesticides, l’UIPP a pour souci de garantir au consommateur une eau de qualité.
Utiliser le produit adéquat, à la dose préconisée et au bon moment, dans le respect des conditions d’emploi, fait partie de ses recommandations clef.
Fontaine du Theil, je boirai de ton eau...
L’UIPP ne se contente pas de faire la prévention auprès des agriculteurs. Elle agit aussi sur le terrain. Un exemple concret ? Le programme pilote (diagnostic et mise en place de mesures adéquates) auquel elle a participé et visant à restaurer la qualité de l'eau sur le bassin versant de la Fontaine du Theil (Ille-et-Vilaine). Les résultats sont probants. De 1998 à 2006, les détections de pesticides dans cette rivière ont fortement baissé (de 22% des échantillons qui contenaient des traces au départ, on est passé à moins de 5% en 2006).
La biodiversité
En France, l’espace agricole (hors forêt) représente 47% du territoire métropolitain et abrite une part importante de la biodiversité.
Il va sans dire qu’une agriculture moderne et responsable doit en tenir compte dans ses pratiques. A ce titre, l’impact des produits phytopharmaceutiques sur la nature est étudié de près.
Des liens étroits avec la biodiversité
Pour les espèces naturelles, l’agriculture représente le plus souvent une belle opportunité.
- Dans un contexte où l’urbanisation ne cesse de progresser, l’espace agricole offre une multitude d’habitats naturels pour les animaux et les végétaux.
- L’agriculture permet également de maintenir et d’entretenir la diversité des paysages et des terroirs. Et quel patrimoine !
- Les pratiques agricoles sont dépendantes de la pollinisation, du recyclage de la matière organique, de la régulation des ravageurs par les “gentils” insectes …
Néanmoins, certaines pratiques agricoles poussées à l’extrême, peuvent avoir un effet négatif sur la biodiversité : destruction des talus et des haies, recul des prairies, labour…
D’où l’importance d’avoir des produits respectueux de la nature
Seules des pratiques agricoles responsables et raisonnées permettent de maintenir voire de restaurer la biodiversité à l’échelle d’une parcelle, d’une exploitation agricole ou du territoire national dans son ensemble.
C’est pourquoi les produits phytopharmaceutiques font l’objet de la plus grande vigilance, notamment concernant leur impact sur la biodiversité.
Chaque nouvelle autorisation de mise sur le marché évalue de près les effets éventuels du produit sur les organismes qu’il ne cible pas. De nombreux tests sont ainsi réalisés sur différentes espèces végétales ou animales (organismes aquatiques, mammifères, oiseaux, abeilles…).
Enfin, l’utilisation du produit phytopharmaceutique est surveillée en conditions réelles au travers d’un système de veilles et d’alertes.
L’exemple de SAGIR, réseau de surveillance épidémiologique des oiseaux et des mammifères sauvages terrestres en France.
Fondé sur un partenariat constant entre les Fédérations des chasseurs et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, ce réseau surveille notamment les effets aigus non intentionnels de l’utilisation agricole des produits phytopharmaceutiques sur les oiseaux et mammifères sauvages.
Fondé sur un partenariat constant entre les Fédérations des chasseurs et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, ce réseau surveille notamment les effets aigus non intentionnels de l’utilisation agricole des produits phytopharmaceutiques sur les oiseaux et mammifères sauvages.
L’agriculture dite “raisonnée” permet d'utiliser au mieux les produits phytopharmaceutiques, en traitant les plantes à bon escient, au bon moment, avec le bon produit. Pour que ces pratiques soient efficaces, elles doivent être largement diffusées. C’est l’une des missions que s’est fixée l’UIPP.
Pesticides, mode d’emploi
Parce qu’elle s’inscrit dans une démarche responsable, l’Union de l’Industrie de la Protection des Plantes a élaboré une charte de “Bonnes pratiques phytopharmaceutiques”. Diffusée largement auprès d’un public d’agriculteurs, , cette brochure rappelle les dix gestes “responsables et professionnels” pour apprendre à utiliser les pesticides de manière totalement sûre pour l’environnement et l’homme. Un document clé sur lequel se fonde l’ensemble des actions de formation de l’UIPP à destination des professionnels.
Les “bonnes pratiques”, c’est quoi au juste ?
Le saviez-vous ?
Les agriculteurs peuvent toujours se former s’ils le désirent. L’Ecole des bonnes pratiques agricoles, que nous avons mise en place, organise plusieurs centaines de formation par an, dans toute la France, avec un réseau de 15 formateurs
Lorsqu’il manipule un pesticide, l’agriculteur doit respecter un code de bonne conduite : bien lire le mode d’emploi, ne traiter que si nécessaire et dans de bonnes conditions (pas de vent ou de pluie…), vérifier régulièrement le bon état de son matériel, porter les vêtements de protection adéquats, rincer et stocker les bidons vides avant de les faire collecter.
Par ailleurs, il est recommandé d’améliorer le stockage des produits, d’aménager un local conforme et fermé à clef, pour renforcer sa sécurité, ainsi que celle de sa famille. Ou de prévoir une aire de remplissage du pulvérisateur spécifique pour que les produits ne migrent pas vers la cour ou le fossé de la ferme.
Une campagne, pour prendre les choses en main…
“Un tel outil de travail, ça se protège” : tel est le titre de la campagne de sensibilisation organisée en septembre 2010 par l’UIPP et l’ensemble des acteurs clé de la filière agricole. Le message ? Les mains sont les premières exposées, directement ou indirectement, lors de la manipulation de pesticides. Il faut donc les protéger. Parmi les conseils prodigués : s’informer, organiser son travail, porter des gants mais surtout : priorité à l’hygiène et au lavage régulier des mains ! Fort de son succès, la campagne se poursuit sur 2011 et 2012 avec le second chapitre sur la protection du visage et des yeux.
Et les emballages vides de pesticides, qu’en fait-on ?
Le saviez-vous ?
Emmanuelle Soubeyran, chef du projet Ecophyto au Ministère de l'agriculture l'a souligné : " ADIVALOR est aujourd'hui l'exemple le plus avancé de filière volontaire en France. Et au niveau international, l'agriculture française est championne d'Europe en matière de collecte et de recyclage des déchets de l'agro fourniture, et tout particulièrement les déchets issus de l'emploi des produits phytopharmaceutiques".
On les collecte et on les recycle ! Créée en juillet 2001, à l’initiative de l’UIPP, la société Adivalor (Agriculteurs, Distributeurs, Industriels pour la valorisation des déchets agricoles) organise, en partenariat avec les autorités, le recueil et la valorisation des emballages vides et des reliquats de produits phytopharmaceutiques obsolètes.
Les agriculteurs disposent ainsi de 4 200 points de collecte sur le territoire.
Il en existe entre 10 et 30 dans chaque département !
Il en existe entre 10 et 30 dans chaque département !
Résultat : 9.500 tonnes de produits obsolètes (PPNU) éliminés et plus de 60 % des emballages récupérés (score le plus élevé en Europe avec la Belgique et l’Allemagne) vs. 40% pour le tri sélectif en France.
Le succès est tel que les collectes s’élargissent aujourd’hui à d’autres types de déchets agricoles, comme les sacs d’engrais ou de semences.
Evolution des méthodes mixtes pour la protection des plantes
L’utilisation de substances naturelles pour lutter contre les ravageurs pourrait remonter à l’Antiquité, comme par exemple les propriétés insecticides de certains chrysanthèmes, dits de Perse, ou du Caucase. Au fil des siècles et surtout lors des dernières décennies, les techniques ont bien sûr beaucoup évolué pour devenir toujours plus pointues.
Ainsi, pour protéger les légumes sous serre, des méthodes complémentaires aux insecticides « classiques » ont été mis au point dès les années 70. Et pour optimiser cette protection, ce sont les programmes mixtes qui offrent les meilleurs résultats, combinant à la fois les auxiliaires de lutte biologique et des insecticides respectant ces auxiliaires. Concrètement, il s’agit d’accrocher à la main sur les plantes à protéger des sachets qui libèrent progressivement des insectes auxiliaires choisis qui migrent vers les végétaux susceptibles d’être attaqués par les ravageurs.
Ces méthodes nouvelles sont appliquées avec succès depuis les années 1990 par exemple chez des producteurs de tomates, concombres, mais aussi aubergines et poivrons, sous serre. Elles permettent de faciliter la conduite des productions légumières en culture intégrée, apportant une plus grande souplesse, une plus grande sécurité de conduite et des coûts mieux maîtrisés.
OGM et pesticides : une nouvelle étude polémique
La nourriture donnée aux rats de laboratoires aurait été contaminée par de nombreux produits chimiques depuis 70 ans, ce qui remettrait en cause les résultats des tests réalisés avec ceux-ci.
Gilles-Éric Séralini, chercheur français de l'université de Caen, affirme que les rats de laboratoire qui, depuis 70 ans, servent dans les études scientifiques concernant les autorisations de commercialisation des produits chimiques sont contaminés par toutes sortes de substances toxiques. Ce constat remettrait en cause la validité des autorisations accordées sur base de ces recherches. "C'est la première fois qu'on réalise une étude aussi vaste visant à évaluer autant de polluants à la fois", explique le chercheur à Reporterre.
Pour tester les effets d'un produit chimique (pesticide par exemple) ou d'un OGM sur les rats, on leur injecte une dose de ce produit et on compare leur réaction face à un groupe témoin, censé n'avoir jamais été en contact avec ce produit. Or, selon cette nouvelle étude, ces rats consommaient bel et bien des produits toxiques via les croquettes qui leur servaient de nourriture.
L'équipe de chercheurs de Gilles-Éric Séralini, avec le soutien du Criigen, a analysé 13 sortes de croquettes, venant de cinq continents, servant à nourrir les rats de laboratoire. Ils y ont retrouvé de grandes quantités d'OGM, de pesticides, de métaux lourds, etc. De quoi, selon eux, provoquer d'emblée des pathologies chez les rats de laboratoire.
"Les rats ont 40 % de risque supplémentaire de développer des maladies chroniques avec ces nourritures qu'avec des nourritures saines", a commenté Gilles-Éric Séralini. "Dans les études courantes avec les rats ainsi nourris, ils voient la même chose pour les rats témoins que pour les autres parce qu'ils nourrissent les rats avec de la nourriture contaminée", explicite-t-il.
Si les résultats de cette étude sont confirmés, cela signifierait que tous les tests ayant permis de commercialiser 250.000 produits chimiques en 70 ans pourraient avoir été faussés et donc être invalidés. Ce type de croquettes aurait également servi à nourrir les rats utilisés pour tester les médicaments.
"Les rats devraient être nourris à l'alimentation bio, et issue d'une lignée saine", commente Joël Spiroux de Vendômois, président du Criigen, "afin d'éviter à ceux-ci d'hériter des pathologies de leur lignée".
Cette étude aurait dû être publiée dans la revue scientifique Plos One le 17 juin, selon Reporterre, mais elle aurait été retardée à cause de modifications qui doivent être apportées dans les remerciements et une phrase du résumé. Impossible de savoir quand et si la publication aura lieu.
Ce n'est pas la première fois que Gilles-Éric Séralini est à l'origine d'une étude polémique. En 2012, il avait en effet publié une étude conjointe sur le Roundup et les OGM qui avait fait grand bruit : il avait affirmé que le taux de mortalité des rats nourrits aux OGM était beaucoup plus élevé que celui des rats témoins. L'Agence européenne de sécurité des aliments avait d'ailleurs rejeté les résultats de cette étude. En cause, les "lacunes importantes constatées dans la conception et la méthodologie".
Pesticides : des maraîchers s’attaquent à Greenpeace
Les uns sont taxés de « marchands de peur », les autres de producteurs de « pommes empoisonnées ». La sortie, le 16 juin, d'un rapport de l'ONG a déterré la hache de guerre entre l'ONG et certains producteurs. Interviews croisées.
Les 16 kilos de pommes avalés par ménage chaque année empoisonnent l’environnement. Telle est la conclusion durapport de Greenpeace « Pommes empoisonnées. Mettre fin à la contamination des vergers par les pesticides grâce à l’agriculture écologique », publié mardi 16 juin. Après avoir réalisé 85 prélèvements de sol et d’eau dans 12 pays européens, l’ONG a relevé la présence de pesticides dans les trois quarts de ses échantillons. Sur les 53 substances identifiées « 70% sont dangereuses pour la santé humaine ou la faune sauvage », note l’ONG. Le document a provoqué l’ire des producteurs de fruits. Taxé de « rapport bidon » par l’Association nationale pommes poires (ANPP), il a également entraîné la riposte du collectif Sauvons les fruits et légumes (Voir encadré en bas de l’article) via un communiqué au titre narquois. Après avoir interviewé, séparément, Anaïs Fourest, responsable agriculture de Greenpeace et Bernard Géry, maraîcher et porte-parole de ce collectif qui défend l’usage de produits phytosanitaires,Terra eco reconstitue leur passe d’armes.
Terra eco : Quelle lecture faites-vous de ce rapport ?
Bernard Géry : Ce rapport jette l’opprobre sur toute une profession. Il donne une image désastreuse des producteurs. A nos yeux, ses conclusions n’ont aucune valeur. Les marchands de peur de Greenpeace montrent leur ignorance agronomique en réalisant des analyses en avril, bien avant la floraison alors que les fruits ne sont pas encore formés ! En tirer des conclusions sur les fruits est une aberration. Tous les produits mis sur le marché sont analysés et ne présentent pas de danger pour le consommateur.
Anaïs Fourest : Le rapport ne tire pas de conclusions sur les fruits. Il montre une photographie à un instant T de la situation dans la quarantaine de vergers où nous avons effectué des prélèvements. Cette fois, nous ne nous sommes pas intéressés aux résidus sur les fruits, ni à l’exposition du consommateur. Ce que nous avons mesuré, ce sont les résidus dans les sols et l’eau. On s’intéresse donc à l’exposition par voie directe, celle qui a lieu au moment des épandages et qui a un impact d’une part sur les agriculteurs, les ouvriers agricoles, les riverains et d’autre part sur la biodiversité, les abeilles et les lombrics en particulier. Cette contamination est une réalité.
Les agriculteurs sont-ils en capacité de la faire cesser ?
Anaïs Fourest : Bien sûr. La majeure partie de notre rapport est consacrée aux solutions. Il présente un panel d’alternatives aux pesticides : la réintroduction de prédateurs naturels, le recours aux outils de prévision, l’introduction d’hormones pour perturber la reproduction des parasites, le choix de variétés résistantes… Afin de recenser ces options et évaluer leur efficacité, nous nous sommes appuyés sur l’expérience d’un agriculteur. Son témoignage n’a qu’une valeur d’exemple. Chaque exploitation est unique. Nous ne voulons pas tomber dans les travers que nous connaissons aujourd’hui et qui consistent à appliquer, quels que soient les problèmes, les mêmes solutions dans toutes les exploitations.
Bernard Géry : Il y a un grand désarroi chez les producteurs. Toutes les solutions présentées par Greenpeace – le biocontrôle, la confusion sexuelle – les grands vergers français y travaillent déjà. La plupart ont déjà basculé sur des modèles éco-responsables. Ils n’ont pas le choix : en France, les normes et réglementations sont parmi les plus strictes d’Europe. On a déjà toutes les peines du monde à concilier leur application avec une rentabilité économique, on travaille 70 heures par semaine et on voit les jeunes jeter l’éponge. Alors quand on vient nous dire qu’on fait tout de travers, qu’on n’a rien vu, rien compris et qu’on est à la solde de Monsanto, ça nous fait bondir. Puisque les producteurs sont des incompétents notoires depuis des décennies, les militants écologistes n’ont qu’à devenir agriculteurs. Il est aisé de dénoncer depuis le XXe arrondissement de Paris en ignorant tout ce qui est déjà fait dans l’agriculture.
Anaïs Fourest : En effet, nous ne sommes pas agriculteurs. Chacun son rôle. Nous sommes une organisation qui porte les préoccupations d’une partie de la population. Cela ne nous empêche pas, pour réaliser nos travaux, de nous confronter aux réalités de terrain, de rencontrer des producteurs, qu’ils soient en agriculture bio ou en conventionnelle. Le sujet des pesticides n’est pas seulement une question d’agriculture. Il en va du bien commun, de la préservation de la santé et de la biodiversité.
Avec ce rapport, Greenpeace ne craint-il pas d’affaiblir un peu plus un secteur déjà en difficulté ?
Anaïs Fourest : Notre objectif n’est pas d’accabler ou de tuer les agriculteurs. Ce sont plutôt les pesticides qui les tuent. Au contraire, notre démarche consiste à informer les pouvoirs publics et surtout la grande distribution, le principal client des producteurs, que des solutions existent pour faire évoluer les pratiques. On veut leur rappeler qu’il est de leur responsabilité de soutenir les producteurs qui s’engagent dans ce sens, de les aider à mettre le pied à l’étrier.Si tout le monde joue le jeu, quelle est la marge de manœuvre ?
Bernard Géry : Si nous voulons continuer à nourrir les hommes et à faire vivre les agriculteurs, je ne pense pas que nous puissions faire beaucoup mieux. Je veux bien qu’on arrête de traiter mais que va-t-il se passer le jour où nos cultures sont attaquées ? L’an dernier, les producteurs de noisettes du Sud de la France ont vu leur récolte diminuer au moins de moitié. Même carnage pour la châtaigne en Ardèche. Est-ce ce que nous voulons ? Renoncer aux pesticides et ne plus jamais manger de noisettes ?
Anaïs Fourest : L’existence même de l’agriculture bio démontre que c’est possible. Nous ne réclamons pas une agriculture 100% biologique tout de suite. Nous sommes conscients que la réduction des pesticides est un processus long et complexe. En restaurant la biodiversité, en combinant, en testant et en ajustant les solutions, puis en valorisant les produits issus de ces démarches, les agriculteurs doivent pouvoir concilier rentabilité économique et transition vers un autre modèle de production. Un modèle dans lequel l’utilisation de produits phytosanitaires deviendrait marginale.
Si tout est déjà mis en œuvre pour réduire les pesticides, comment expliquer que la France soit, avec l’Italie et la Belgique, l’un des trois pays où l’on retrouve le plus de substances dans le sol ?
Bernard Géry : Je ne dis pas que les agriculteurs ont toujours été exemplaires. A une époque, on utilisait des produits en quantité bien supérieure. Et puis, comme dans toutes les professions, il y a des brebis galeuses, des gens qui ne prennent pas de précautions. Il n’est pas étonnant de trouver des traces de certains produits dans le sol. Ce qu’il faut savoir avant de parler d’empoisonnement, c’est en quelle quantité ils sont présents. Et ça, Greenpeace ne s’y est pas intéressé.
Anaïs Fourest : Le problème n’est pas tant la quantité de chacun de ses produits que leur combinaison. Réaliser des analyses molécule par molécule, comme le souhaite l’UIPP (Union des industries de la protection des plantes), ne donne qu’une vision partielle de la réalité. Certains de nos échantillons contiennent jusqu’à six types de pesticides différents. Dans ces circonstances, nous craignons surtout les effets cocktail, qui à ce jour restent très difficiles à mesurer.
« Sauvons les fruits et légumes », qui sont-ils ?
Depuis 2007, les membres de Sauvons les fruits et légumes, collectif aux contours nébuleux sans adhésion formelle, se démènent, à grand renfort d’études d’impact et de communiqués, pour contrer les critiques adressées aux pesticides. Ils seraient plusieurs dizaines « d’agriculteurs, de cuisiniers et de scientifiques » répartis sur toute la France, de la Bretagne au Sud-Ouest. Bernard Géry, maraîcher de Loire-Atlantique et porte-parole du collectif, présente cette organisation comme un outil permettant à des centaines de maraîchers « de se défendre quand ils se sentent attaqués ». Dans la presse, à l’Assemblée nationale ou au Sénat, ils « s’inquiètent de l’interdiction des néonicotinoïdes » et estiment que « les agriculteurs ont une espérance de vie supérieure à la moyenne ».
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