jeudi 28 mai 2015

Les dérives de la filière bio : faux bio et bio-industriel



Faux logos bio, bio-industriel, bio-énergivore, marges importantes des grandes surfaces... La dérive vers un "bio business" est de plus en plus décriée. Comment apprendre à distinguer le vrai du faux ?
Devenu le label référence de tous les consommateurs soucieux de l'environnement et de leur santé, le secteur du bio est en pleine croissance. Mais son succès est-il en train de lui monter à la tête ? En effet, depuis quelques années, on assiste à la multiplication de cas frauduleux et de scandales autour du bio. On pense notamment à la commercialisation à venir de poulets plus industriels que bio, par la marque DUC, objet d'un précédent article et qui semblait annoncer l'arrivée d'un "bio" moins rigoureux.
Multiplication des fraudes au bio
La semaine dernière, le Tribunal correctionnel de Vevey, dans l'ouest de la Suisse, a condamné une agricultrice à 2 ans d'emprisonnement pour escroquerie. Celle-ci a vendu de faux légumes bio entre 2002 et 2006 après avoir modifié, avec l'aide de complices, les étiquettes de ses cageots. Si elle avait bien obtenu la labellisation pour certaines de ses cultures, l'agricultrice utilisait régulièrement du désherbant prohibé et grossissait ses stocks avec des produits issus de l'agriculture conventionnelle.
Si un tel acte de malhonnêté peut sembler anecdotique, une fraude bien grave a été mise à jour le 6 décembre dernier par la police véronaise, dans le nord-est de l'Italie. Celle-ci a intercepté quelque 2 500 tonnes de faux produits bio et démantelé la filière qui les écoulait en Europe. Les produits concernés étaient de la farine, du froment, du soja et des fruits secs avec de faux logos et de faux papiers de certification. Ce trafic, organisé entre la Roumanie et l'Italie, aurait ainsi porté sur plus de 700 000 tonnes, écoulées en plusieurs années. Les produits de base étaient achetés via des sociétés écran puis "transformés" discrètement en faux bio, avant d'être revendus aux consommateurs à un prix quatre fois plus élevés. Sept personnes ont été mises sous mandat d'arrêt, dont les dirigeants des sociétés Sunny Land, Sona et Bioecoitalia, ainsi que le directeur de l'organisme de certification pour la région des Marches.
Les importations rendent-elles les contrôles plus difficiles ?
L'organisation de l'agriculture biologique Italienne (AIAB) a réagi dès l'annonce de cette affaire : " L'éclatante fraude a mis en lumière la faiblesse du secteur que l'AIAB avait plusieurs fois souligné : le problème des matières premières importées, qui vont pour l'alimentation animale du soja à l'orge, et pour la boulangerie de la pâte au pain (...) Nous avions plusieurs fois tiré la sonnette d'alarme sur un secteur en plein expansion, pouvant attirer la spéculation et la criminalité.(...) Nous encourageons donc à proposer des produits bio et italiens, provenant d'entreprises exclusivement bio, et si possibles garanties par la marque de l'AIAB, et construire des filières entièrement italiennes ."
Afin de lutter contre ces fraudes, les associations prônent la multiplication des contrôles inopinés mais aussi l'augmentation des surfaces et des variétés cultutivées issus de l'agriculture biologique sur le territoire européen. Car comme le souligne Christopher Stopes, président de l'IFOAM Europe (International Federation of Organic Agriculture Movements), la démarche du bio va bien au-delà de l'achat de produits labellisés. "Plutôt que d'importer pour combler une demande très supérieure à l'offre disponible, il est urgent et nécessaire de développer la bio " ici et maintenant ", sur les territoires français, en aidant les agriculteurs conventionnels à évoluer vers la bio et en soutenant les installations bio " explique-t-il dans un communiqué publié peu après le scandale italien. Ainsi, les associations écologistes rappellent que la bio doit s'inscrire dans un territoire donné, respecter les rythmes des saisons et favoriser les circuits courts pour rester fidèle à sa philosophie de départ.

 Quelles sont les autorités compétentes pour contrôler les produits bio ?

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