Dans mes premiers articles sur Ecoloinfo, j’essaie de montrer que la façon dont nous mangeons est l’une des premières garanties de notre bonne santé. Dans le 1er volet de cette thématique, j’ai évoqué les pionniers de « l’alimentation santé » que sont les Docteurs Kousmine et Seignalet.
Dans ce nouveau post, je voudrais vous parler des dérives de l’industrie agroalimentaireaussi bien sur le plan de notre santé que vis-à-vis de l’environnement… puisque tout est lié. Se nourrir est loin d’être un acte anodin et une fois de plus nos achats sont des actes politiques !
En rédigeant cet article, je me rends compte qu’il y a énormément de choses à dire, un fait en appelant un autre et qu’on pourrait en faire une thèse ! Je vais essayer d’être concise mais si vous voulez allez plus loin, n’hésitez pas à consulter les ouvrages cités en référence, notamment l’excellent « Santé, mensonges et propagande » de Thierry Souccar et Isabelle Robard.
Si vous êtes un lecteur fidèle d’Ecolo-Info, c’est probablement que vous êtes déjà convaincu que notre monde occidental ne tourne plus très rond et que le profit se fait souvent au détriment de la qualité, dubien-être des populations et de la santé.
Souvent, quand nous parlons environnement et que l’on se demande quand l’Homme a commencé à vraiment « perdre la boule », on arrive à la même période, les années 50. Le monde de l’après-guerre est en pleine mutation, les innovations technologiques se multiplient et la plupart des entreprises leaders que nous connaissons aujourd’hui ont pris leur envol à cette époque. L’Homme a de quoi manger, de quoi se soigner, de quoi vivre mieux et plus longtemps. Et pourtant, 50 ans plus tard, force est de constater que de nouvelles maladies sont arrivées : obésité, diabète, hypertension, maladies cardio-vasculaires…
Pourquoi toutes ces maladies alors que le monde occidental ne craint plus la famine ? Comment en est-on arrivés là ?
Remettons les choses dans leur contexte. Avant la seconde guerre mondiale, nos aînés géraient leur alimentation avec beaucoup de bon sens. Nombre d’entre eux cultivaient un potager et parfois quelques bêtes. La cuisine était tout un art, on prenait alors le temps d’éplucher, découper, mijoter… On mangeait de la viande rouge et du pain blanc le Dimanche et les jours de fête. Le repas était alors un vrai moment de partage.
Mais après la guerre tout s’est accéléré et le temps s’est mis à nous manquer (cf l’article de David sur l’impact du temps). Désormais, on « fait les courses », on achète des produits vite prêts, des légumes cuisinés et congelés, des plats touts faits cuits en 5 minutes au micro-ondes. La profusion de la nourriture lui a fait perdre son caractère sacré et nous avons oublié de rendre grâce à la nature pour ce qu’elle nous donne.
Du coup, comme les citoyens ne savent plus comment se nourrir, l’Etat met en place de vastes campagnes d’éducation du public pour réapprendre les règles : manger 5 fruits et légumes par jour, bouger plus, éviter de grignoter… vous connaissez la chanson. Budget du PNNS pour 2008 : 15,3 M€ !
On pourrait se dire tant mieux, les pouvoirs publics prennent soin de nous et de notre santé, c’est formidable. Mais le problème c’est qu’une fois de plus le citoyen qui doit être responsable dans ses choix alors qu’on continue à lui proposer de la malbouffe à tous les rayons à grands renforts de promesses marketing. Et l’Etat laisse faire… et se fait le complice des grandes marques qui lui rapportent tant de sous. Les liens étranges entre l’Etat et les marques sont mis à jour dans le livre « Santé, mensonges et propagande ».
Voici quelques exemples des excès de l’industrie agroalimentaire, dangereux pour notre santé mais aussi pour l’environnement.
Le lait
Dans l’article précédent sur l’alimentation santé, les régimes Seignalet et Kousmine excluaient radicalement les produits issus du lait de vache. Thierry Souccar, dans le 2ème volet de son étude sur l’alimentation et la santé « Lait, mensonges et propagande », affirme, résultats scientifiques à l’appui, que le lait est responsable de nombreux maux actuels. On peut adhérer à ce discours ou non, les opinions sont nombreuses et le débat loin d’être clos. Mais lorsqu’on sait comment le lait est produit actuellement, on peut parler de vraies dérives de l’industrie laitière, qui devient dangereuse pour l’environnement.
Je fais ici référence à un article du Canard Enchaîné du mercredi 2 Janvier 2008 où il est question de « mégafermes », loin de France, où les vaches peuvent produire jusqu’à 70 litres de lait par jour ! « Au menu de ces usines sur pattes : du concentré de tourteaux de soja importé, et du fourrage que l’on fait pousser sur place en allant pomper des millions de litres d’eau à près de 2 km de profondeur. » Et je ne vous parle pas des injections d’hormones de croissance et d’antibiotiques, ou du sort réservé au petit veau qui n’a d’utilité que de faire produire du lait à sa mère…
Je vous laisse lire l’article dans son intégralité, c’est édifiant. Cet article épingle Danone mais les autres géants du lait ne sont certainement pas tout blanc non plus.
La viande
L’élevage du bétail est une gigantesque source de gaz à effet de serre. Pour produire 100 kg de bœuf, il faut environ 800kg de céréales. Et pour planter ces céréales, on rase des forêts… Et les vaches sont de gros producteurs de méthane…
Pour ce qui est de notre santé, la viande rouge devrait être exceptionnelle dans nos menus, une fois par semaine comme le faisaient nos anciens. Les protéines de la viande sont grosses et difficiles à digérer, le système digestif fournit un effort considérable pour le faire et les protéines non digérées vont se stocker dans divers endroits de l’organisme et le surchargent. Et j’ajoute également, pour la viande de mauvaise qualité que l’on trouve à bas prix dans les hypers, la mauvaise alimentation des bêtes (souvenez-vous les fameuses farines animales dont on a tant parlé pendant la crise de la vache folle), lestraitements hormonaux, antibiotiques… se retrouvent dans la viande.
Les excès de gras et de sel dans les plats cuisinés
« Pour votre santé, mangez moins gras et moins salé« . Voici ce qu’on entend dans les pubs pour les plats cuisinés. Seulement voilà, les plats tout faits et surtout ceux à bas prix, contiennent peu d’aliments de bonne qualité. Pour qu’ils soient « mangeables », on rajoute quantité de sel et d’exhausteurs de goût ainsi que des matières grasses pour le moelleux. Le sel est également présent en grande quantité dans les sauces toutes prêtes, les condiments, la viande (pour qu’elle soit bien rouge dans son emballage !), mais aussi les sodas et les yaourts sucrés. Selon un rapport de l’INSERM, les français consomment en moyenne 10g de sel par jour alors que 6g maximum serait nécessaire à nos besoins.
L’excès de sel est mis en cause dans la rétention d’eau, les oedèmes, les maladies cardio-vasculaires et l’hypertension.
Les exemples des dérives de l’industrie agroalimentaire sont nombreux. Je pourrai également vous parler des pesticides dans la culture des fruits et légumes, des additifs et colorants responsables de nombreuses allergies, des excès de sucre et l’utilisation controversée des édulcorants, du gluten dont beaucoup d’entre nous sont intolérants sans le savoir et que l’on retrouve dans de nombreux produits prêts à consommer…
Le but de cet article n’est pas de vous faire peur mais bien de vous faire prendre conscience que ce que l’on trouve dans les supermarchés est à considérer avec prudence. Faisons les courses en conscience, en prenant le temps au lieu de jeter machinalement les produits dans le caddie. Lisons les étiquettes et ne pas nous laissons pas prendre au pièges des sirènes du marketing.
Dans le prochain article, nous essaierons de vous donner quelques solutions pour bien manger, bon pour sa santé et ses papilles sans exploser son budget ! Oui, c’est possible !
http://www.ecoloinfo.com/2008/06/26/les-derives-de-l-industrie-agroalimentaire/
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