Les pesticides ne pouvant plus être utilisés deviennent des déchets toxiques dangereux.
Cependant, il n'y a pas que les pesticides qui soient dangereux.
Chaque fois que des pesticides sont utilisés, des conteneurs qui peuvent s'avérer aussi dangereux que les pesticides eux-mêmes sont abandonnés. Dans les pays en développement, ils sont souvent utilisés pour stocker nourriture et eau. Le programme de la FAO pour la prévention et l'élimination des pesticides périmés assiste ces pays à traiter le problème des conteneurs toxiques.
Souvent, des vieux stocks de pesticides sont incorrectement stockés et des produits chimiques toxiques s'infiltrent dans l'environnement, transformant un sol potentiellement fertile en déchet à risque. Le programme fournit également différentes stratégies pour traiter les sols contaminés.
Insecticides, fongicides, herbicides, larvicides, acaricides, rodenticides, molluscides, nematocides, aphicides: il existe une grande variété de pesticides. Plus ou moins mille ingrédients actifs sont utilisés pour produire la large sélection de pesticides présents dans les pays du monde entier. De plus, ces ingrédients se présentent sous plusieurs milliers de formulations différentes.
Toutes ces formulations se dégradent avec le temps, et les produits chimiques qui se forment lors de la détérioration du pesticide peuvent s'avérer plus toxiques encore que le produit d'origine.
Les stocks de pesticides périmés sont souvent entreposés de façon incorrecte, les conteneurs finissent par rouiller et leur contenu s'écoule. Dans un seul entrepôt, des éléments chimiques de nombreux différents produits pourraient se mélanger et créer un véritable bourbier toxique.
A cause de cette extraordinaire complexité chimique, il n'existe malheureusement aucune solution unique pouvant être appliquée pour nettoyer les stocks de pesticides périmés.
Les pesticides ne sont efficaces qu'un certain temps. Leur durée de vie dépend de leurs ingrédients actifs et de leur type de formulation.
Sauf indication différente sur l'étiquette, ces produits ont normalement une durée de vie de deux ans à partir de leur production. Durant cette période, le fabricant garantit la qualité du produit, à condition qu'il soit conservé selon les instructions précisées sur l'étiquette. Il n'est pas toujours facile de déterminer si des stocks de vieux pesticides sont détériorés au point de devenir inutilisables. Le fait de dépasser les deux ans d'entreposage, ou la durée de vie indiquée sur l'étiquette, ne signifie pas automatiquement que les produits sont inutilisables et ceux-ci peuvent souvent être conservés plus longtemps que leur durée de vie indiquée. Au contraire, il peut également arriver qu'un stockage inadéquat accélère la détérioration à tel point que les produits deviennent inutilisables bien avant leur date d'expiration.
Souvent, il est évident qu'un pesticide dont la date d'expiration est dépassée est devenu périmé: s'il s'agit d'un liquide transparent, il peut avoir formé des écailles ou des cristaux, les émulsions et poudres peuvent s'être solidifiées. Les produits les plus difficiles à identifier sont ceux dont les propriétés chimiques ont changé, alors que leurs propriétés physiques visibles restent les mêmes. Dans ce cas, il est nécessaire de procéder à une analyse chimique en laboratoire pour établir si le produit est encore utilisable. Jusqu'à ce que telle analyse soit terminée, le produit sera considéré comme périmé.
Certains pesticides peuvent être efficaces mais ne sont pas utilisés à cause d'interdictions les visant pour des raisons visant à protéger la santé humaine et l'environnement. Ces pesticides sont également considérés comme périmés.
Il arrive aussi que des stocks contiennent des produits utilisables mais indésirables. Ceci se justifie par plusieurs raisons telles que des stocks excessifs, une réduction importante du ravageur et des problèmes qu'il cause, des contraintes logistiques concernant la distribution ou l'absence d'équipements appropriés pour l'application de tels produits.
Les pesticides indésirables ne sont pas forcément périmés mais, suite à leur entreposage prolongé, ils ont de grandes chances de le devenir. Pour plus de détails concernant les causes de l'obsolescence des pesticides, veuillez consulter la section « Pourquoi avons-nous ce problème? ».
L'OMS (Organisation mondiale de la santé) estime à trois millions par an le nombre des personnes empoisonnées par des pesticides, la plupart dans des pays en développement. Chaque année, quelque 20 000 d'entre elles périssent des suites de cet empoisonnement.
Les pesticides peuvent être absorbés par contact avec la peau, inhalés en tant que poussière ou vapeur ou ingérés avec de la nourriture ou de l'eau contaminée. De nombreuses personnes, des enfants en particulier, ont été fatalement empoisonnés en buvant par erreur des pesticides conservés dans des bouteilles normalement utilisées pour des boissons.
Lorsque les pesticides se sont détériorés et s'écoulent des conteneurs rouillés ou se déversent des sacs déchirés, la menace d'un empoisonnement est très élevée, surtout pour les enfants. Il y a de nombreux exemples d'enfants qui jouent, de bétail qui broute, de personnes qui travaillent, cuisinent, tirent de l'eau et cultivent des produits alimentaires à proximité de pesticides abandonnés qui s'infiltrent dans le sol.
L'infiltration des pesticides dans l'environnement peut causer un empoisonnement chronique affectant des communautés entières. Les symptômes d'un tel empoisonnement comprennent l'engourdissement ou la faiblesse des bras, jambes, pieds ou mains, léthargie et pertes de mémoire et de concentration et anxiété. Une exposition aux pesticides peut affecter le système reproductif, causant infertilité, fausses couches, avortements spontanés et morts fœtales. De nombreux pesticides sont également reconnus comme cause de cancers. L'impact sur la santé et l'environnement dépend autant du type de pesticide que du niveau de l'exposition.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) classe les pesticides par dangerosité en se basant sur leur dose létale médiane orale ou cutanée. Une mesure appelée DL50 est calculée en mesurant le nombre de milligrammes de matière active par kilogramme de masse corporelle, nécessaire pour tuer 50 pour cent d'un échantillon test d'animaux, souvent des rats. Chaque pesticide est alors placé dans une des quatre classes:
- Ia, extrêmement dangereux;
- Ib, très dangereux;
- II, modérément dangereux;
- III, légèrement dangereux.
http://www.who.int/ipcs/publications/pesticides_hazard/en/index.htmlParce que les agriculteurs des pays en développement ont rarement la formation nécessaire ou l'équipement pour manipuler des pesticides en sécurité, la FAO recommande que les pesticides classifiés Ia, Ib et préférablement II ne soient pas utilisés dans ces pays. Malgré cette mise en garde, des pesticides extrêmement dangereux continuent à y être distribués et utilisés et constituent un large pourcentage des stocks de pesticides périmés.
Les produits non identifiés devraient toujours être considérés comme les plus dangereux dans la classification des dangers de l'OMS. Cela comprend les conteneurs sans étiquettes, les produits qui ont été transvasés dans des récipients différents et les matériels contaminés par des produits non identifiés. En Afrique et au Proche-Orient, les produits inconnus représentent environ sept pour cent de tous les pesticides périmés en comptant les pesticides sans étiquettes ou les mélanges de pesticides sans emballage.
Les pesticides organochlorés sont des produits chimiques très toxiques qui contiennent des atomes de carbone et de chlore liés ensemble.
Ils ne se décomposent pas facilement et peuvent rester actifs longtemps dans l'environnement. Ils peuvent s'évaporer dans les climats chauds, voyager à travers l'atmosphère et se déposer dans des environnements plus froids. Au fur et à mesure qu'ils grimpent dans la chaîne alimentaire, ils deviennent plus concentrés. Les niveaux les plus élevés d'organochlorés se trouvent chez les êtres humains, les oiseaux qui se nourrissent de poisson et les mammifères marins.
A cause de leur ténacité, les produits chimiques organochlorés sont connus sous le nom de Polluants organiques persistants, ou POP. De nombreux pesticides organochlorés, la Dieldrine en particulier, furent abondamment utilisés en Afrique au cours des campagnes d'éradication du criquet pèlerin. Cependant, à mesure que le monde prenait conscience des dangers des POP, leur utilisation contre les criquets fut interdite.
La Convention de Stockholm sur les Polluants organiques persistants, adoptée en 2001, tente d'éliminer ou de sévèrement limiter la production de POP. La Convention a spécifiquement identifié 12 produits chimiques à éliminer. Neuf de ceux-ci sont des pesticides:
- aldrine
- chlordane
- endrine
- dieldrine
- heptachlore
- DDT
- Toxaphène (Campheclor)
- Mirex
- hexachlorobenzène
Pour plus d'informations sur ces pesticides, cliquez sur le lien à droite.
Dès leur interdiction, ces pesticides sont devenus immédiatement inutilisables.
C'est ainsi qu'en Afrique, les pesticides POP représentent plus de 20 pour cent des stocks de pesticides existants.
Ces stocks sont souvent entreposés de façon incorrecte et les pesticides s'infiltrent dans l'environnement, contaminant le sol et les nappes phréatiques. De plus, leur ténacité, qui fait d'eux un danger mondial pour la santé humaine et l'environnement, les rend également efficaces pour longtemps. Pour cette raison, les stocks de pesticides POP sont fréquemment volés, revendus et utilisés illégalement.
La plupart des pesticides POP inclus dans la Convention de Stockholm ne sont plus produits ni vendus. Néanmoins, le DDT fait exception à la règle. Certains pays ont demandé et ont exceptionnellement obtenu le droit d'utiliser le DDT dans les campagnes contre le paludisme. Dans ce cas spécifique, le DDT devrait être utilisé selon les indications précises fournies par l'OMS. (
http://www.who.int/malaria/docs/FAQonDDT.pdf). Malgré ces indications, dans les pays où le DDT est employé dans le secteur de la santé, il apparaît que le produit déborde dans d'autres secteurs tel que l'agriculture où son utilisation est strictement interdite.
Un grand nombre d'autres pesticides organochlorés, ayant des caractéristiques similaires aux pesticides POP, sont toujours vendus et utilisés. Cela inclut:
- éther pentabromodiphénylique
- keptone
- hexabromodiphényles
- lindane
Les pesticides ci-dessus ont été interdits dans certains pays et les gouvernements ont officiellement proposé qu'ils soient reconsidérés pour être inclus dans la liste des Polluants Organiques Persistants.
La seconde génération d'insecticides mis au point était basée sur des organophosphorés. Ces pesticides sont beaucoup moins persistants que les organochlorés, mais ils sont également beaucoup plus toxiques.
Sous-produits d'agents nerveux développés durant la Seconde Guerre Mondiale, les pesticides organophosphorés sont des neurotoxines qui s'attaquent au système nerveux. Une exposition prolongée aux organophosphorés peut provoquer des vertiges, vomissements, attaques, paralysies, pertes des fonctions mentales et, éventuellement, la mort. Presque la moitié des pesticides 1a et 1b de la classification de l'OMS sont des organophosphorés.
De nombreux pesticides organophosphorés ont été interdits ou leur usage a été sévèrement limité dans de nombreux pays. Plusieurs pesticides organophosphorés sont inclus dans le Processus d'information préalable en connaissance de cause (PIC) de la
Convention de Rotterdam. La Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font l'objet d'un commerce international, adoptée en 1998 vise à prévenir l'importation indésirable de pesticides extrêmement dangereux et autres produits chimiques dans les pays en développement. Les pesticides organophosphorés actuellement inclus dans la procédure PIC sont :
- Parathion (OMS classe - Ia)
- Parathion méthyle (OMS classe - Ia)
- Phosphamidon (OMS classe - Ib)
- Methamidophos (OMS classe - Ib)
Les pesticides organophosphorés ont un cycle de vie plus limité que les organochlorés et leurs caractéristiques physiques et chimiques peuvent se modifier avec le temps.
Les pyréthroïdes synthétiques sont des produits chimiques à base d'insecticides naturels
Chaque fois que des pesticides sont utilisés, des conteneurs vides sont inévitablement générés.
Manifestement, aucun pays ne peut éliminer ce problème des emballages de pesticides vides lors d'une seule ou même d'une série d'opérations de destruction. C'est un problème récurrent qui menace sérieusement la santé publique et l'environnement.
Dans de nombreux pays en développement, les conteneurs vides de pesticides sont très appréciés. Même s'il est généralement impossible d'en supprimer complètement les traces de produits chimiques toxiques, des autochtones les emploient pour stocker du carburant voire de la nourriture et de l'eau.
Cette pratique est extrêmement dangereuse et doit être condamnée.
Les mesures prises concernant l'élimination de conteneurs sont souvent impropres. Par exemple, beaucoup de fournisseurs de pesticides et d'autorités nationales recommandent l'enfouissement ou l'incinération des résidus pesticides et des conteneurs vides. Le problème est que les déchets chimiques peuvent contaminer le sol et les nappes phréatiques, et que les pesticides et conteneurs incinérés dégagent des fumées très toxiques.
Pesticides, conteneurs vides et autres matériels contaminés sont souvent enfouis ou jetés dans des décharges impropres à cette fin. La plupart de ces sites ne sont pas conçus pour empêcher les produits toxiques de s'infiltrer dans le sol ou de se répandre lors de fortes pluies. Dans les pays en développement, ces sites sont également pillés et des objets considérés utiles tels que les conteneurs de pesticides sont récupérés.
La plupart des utilisateurs de pesticides peuvent se débarrasser de leurs pesticides et de leurs déchets toxiques en toute impunité. Cela ne devrait pas être le cas.
D'après le
Code international de conduite pour la distribution et l'utilisation de pesticides, les fabricants et distributeurs de pesticides sont supposés fournir les équipements permettant aux utilisateurs de leurs produits de jeter en toute sécurité les conteneurs vides ainsi que tout déchet toxique. Une solution possible serait d'établir des schémas de collecte de petites quantités de pesticides, conteneurs usagés et matériels contaminés.
Le programme de la FAO apporte une assistance technique pour aider les pays en développement à prendre les mesures nécessaires pour réduire les risques posés par les conteneurs de pesticides usagés.