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Avant propos ou contexte
Les demandes sociétales actuelles interpellent la production agricole dans plusieurs de ses réalités, notamment la protection de l'environnement et la cohabitation harmonieuse de l'agriculture avec les autres activités qui prennent place dans l'espace rural. Dans ce contexte, l'utilisation rationnelle et sécuritaire des pesticides doit être prise en compte. Les pesticides, de par leur nature, présentent de multiples propriétés toxicologiques, physiques, chimiques et biochimiques dont il faut limiter les effets indésirables. Il est donc important de caractériser les risques des pesticides utilisés afin de favoriser l'utilisation de produits à faibles impacts. À cet égard, SAgE pesticides et IRPeQ sont des outils d'aide à la décision à privilégier.
Des gestes simples et avantageux sont à la portée de tous pour Rationaliser, Réduire et Remplacer l'emploi des pesticides et augmenter les superficies cultivées en lutte intégrée. Il s'agit d'orientations préconisées au Québec en matière de saine gestion des pesticides dans le cadre de la Politique nationale de l'eau et du Plan d'action concerté sur l'agroenvironnement et la cohabitation harmonieuse.
Cette section d'information, bien que sommaire, vous guidera dans l'adoption de bonnes pratiques reconnues en matière de gestion des ennemis des cultures, de protection de la santé et de l'environnement. Par ailleurs et pour plus d'information, nous vous invitons à consulter les divers documents mentionnés à la section « L'apprentissage » et « Pour en savoir plus ». À cet effet, le document « Pesticides et agriculture, bons sens et bonnes pratiques » couvre plus largement certains des sujets qui suivent.
Gestion des ennemis des cultures et le développement durable
Pour assurer le rendement des cultures et répondre aux exigences des consommateurs, l'agriculteur doit lutter contre les organismes nuisibles par divers moyens, dont les pesticides font partie. Il est indispensable d'en faire un usage judicieux, car les pesticides détruisent non seulement les organismes nuisibles, mais peuvent aussi avoir un impact néfaste sur les organismes bénéfiques. Leur utilisation représente un risque pour la santé des utilisateurs, leur entourage, les consommateurs d'aliments et l'environnement.
S'inscrivant dans une volonté de développement durable, l'adoption d'une gestion responsable des ennemis des cultures conduit naturellement les entreprises agricoles à mieux situer l'importance des pesticides dans un contexte qui prend en compte la santé des personnes et la protection du milieu. Ces entreprises réorientent leurs modes de production vers des méthodes plus respectueuses de la santé et de l'environnement.
Dans ce contexte, la lutte intégrée intégrée (ou gestion intégrée des ennemis des cultures) s'avère une démarche agroenvironnementale gagnante.
La lutte intégrée : une démarche gagnante
La lutte intégrée (protection intégrée) ou gestion intégrée des ennemis des cultures, est une « méthode décisionnelle qui a recours à toutes les techniques nécessaires pour réduire les populations d'organismes nuisibles de façon efficace et économique, tout en respectant l'environnement ». (Cette définition a été acceptée par le MAPAQ et ses partenaires du Comité de suivi et de concertation de la Stratégie phytosanitaire.)
Cette approche agroenvironnementale, basée sur l'expérimentation et l'observation, ainsi que l'adoption des techniques de lutte les plus appropriées, gère et rentabilise les cultures en considérant l'environnement comme un allié. Les six étapes identifiées pour la mise en place de la lutte intégrée sont générales et s'appliquent à l'ensemble des productions. Afin de personnaliser l'approche pour votre entreprise, des programmes ou cahiers de recommandations et d'autoévaluation sont disponibles par culture.
Gestion des pesticides
Les pesticides sont des produits qui sont élaborés pour réduire, éliminer ou empêcher les organismes nuisibles. Certains produits antiparasitaires sont disponibles pour usage domestique, alors qu'un plus grand nombre de produits sont disponibles pour usage commercial et usage restreint. Tous les produits antiparasitaires sont réglementés à tous les paliers de gouvernement.
Les pesticides ne sont qu'un maillon de la lutte intégrée. Ils doivent être utilisés judicieusement et uniquement lorsque la situation le justifie. Dans ce contexte, la gestion des pesticides est importante. Elle repose sur un ensemble de mesures ou pratiques agroenvironnementales contribuant à une utilisation optimale des pesticides tout en réduisant les risques associés à leur emploi.
En tout temps, vous devez adopter des comportements responsables par rapport aux pesticides. Il est donc très important de suivre rigoureusement toutes les indications de sécurité sur l'étiquette. Des mesures ou pratiques sont à privilégier pour une utilisation rationnelle et sécuritaire des pesticides. La tenue d'un registre des interventions phytosanitaires et des données de dépistage constitue aussi une référence fiable et utile.
Gestion de la résistance
Un des aspects importants de l'utilisation rationnelle des pesticides dans des programmes de lutte intégrée est la gestion de la résistance.
L'utilisation répétée et continue de pesticides à base du même ingrédient actif, appartenant à la même famille et au même groupe chimique, favorise considérablement le développement de populations résistantes d'organismes nuisibles. Les pesticides deviennent alors de moins en moins efficaces et les densités de population des organismes nuisibles augmentent, entraînant par le fait même un besoin additionnel en pesticides. La gestion de cette résistance est toutefois possible.
Pesticides et santé
Les produits antiparasitaires couramment appelés pesticides peuvent être définis comme toutes substances ou mélanges de substances qui sont utilisés pour prévenir, détruire, éloigner ou diminuer les populations d'insectes, de mauvaises herbes, de champignons, de rongeurs ou toutes autres formes de vies considérées nuisibles par l'humain.
Les pesticides possèdent tous, à différents degrés, un potentiel de toxicité. Malheureusement, ces produits peuvent aussi être toxiques pour des organismes non visés dont l'humain. La notion de risque peut être définie par une équation simple :
Donc, à la limite, tous les pesticides pourraient éventuellement être responsables de l'apparition d'effets toxiques si la quantité de produit absorbée est suffisante.
Cette section présente les principales voies d'exposition aux pesticides et les principaux effets connus de ces produits sur la santé ainsi que les principales mesures préventives qui permettent de diminuer les risques d'exposition à ces produits. La majorité de l'information présentée provient du document suivant :
Guide de prévention pour les utilisateurs de pesticides en agriculture maraîchère
Samuel, O., St-Laurent, L., Direction de la toxicologie humaine, Institut national de santé publique du Québec, Publication de l'IRSST, Rapport RG-273, 87 pages, 2001.
Les voies d'exposition aux pesticides
Les risques d'exposition aux pesticides sont multiples et plusieurs facteurs peuvent en être responsables. Ils apparaissent dès qu'une personne manipule des pesticides sans tenir compte des règles de base en matière de sécurité, et ce, à l'étape de la préparation des mélanges, en cours d'application ou de pulvérisation ainsi qu'au retour sur le site traité.
Contrairement à ce que nous croyons habituellement, il ne faut pas nécessairement respirer les pesticides pour être exposé de façon significative. Dans les faits, l'exposition aux pesticides peut se faire par les voies cutanée, respiratoire et orale.
Par ailleurs, ce ne sont pas seulement les travailleurs responsables des activités de préparation et d'application des pesticides qui peuvent être exposés de façon importante, mais aussi tous les travailleurs qui entrent en contact avec des surfaces préalablement traitées (végétation ou autres) avec des pesticides.
Il a souvent été démontré que chez les utilisateurs professionnels, le contact cutané constitue généralement la principale voie d'exposition aux pesticides. Ce type d'exposition, bien que souvent insoupçonné, est aussi responsable de la plupart des intoxications accidentelles en milieu de travail.
La peau constitue généralement une barrière relativement imperméable aux substances chimiques. Toutefois, la majorité des pesticides peuvent être absorbés à travers toute la surface corporelle, et ce, en quantité suffisante pour causer des effets systémiques tant aigus (à court terme) que chroniques (à long terme) en plus des effets dermatologiques et oculaires possibles. Les pesticides peuvent être absorbés plus facilement par certaines régions corporelles comme le cuir chevelu, le front, les yeux et les organes génitaux.
Si les propriétés physico-chimiques du produit (matière active et formulation) peuvent être des facteurs qui influencent de façon importante le degré d'exposition cutanée, d'autres facteurs externes peuvent aussi avoir un impact certain sur les risques d'une telle exposition. Ainsi, l'absence de protection individuelle, le port prolongé de vêtements de travail contaminés, la technique d'application, certaines conditions environnementales comme l'humidité, le vent ou la température ambiante et la durée du délai de réentrée respectée peuvent aussi avoir une influence sur le niveau d'exposition cutanée.
Voici quelques exemples de situations pouvant mener à une intoxication par la voie cutanée :
L'exposition par les voies respiratoires constitue la voie d'intoxication la plus rapide et la plus directe. Les pesticides qui sont normalement appliqués sous forme d'aérosol, de brouillard ou de gaz peuvent facilement être inhalés.
Les pesticides peuvent aussi adhérer à des particules de poussières en suspension et parfois même à la fumée de cigarette. L'inhalation constitue souvent la principale voie d'entrée dans l'organisme pour les fumigants et certains pesticides très volatiles. Le risque d'exposition par cette voie est normalement plus important lorsque les travaux sont effectués dans un espace fermé, comme une serre ou un tunnel de culture.
À titre d'exemple, ce type d'intoxication peut se produire :
Les pesticides peuvent aussi être absorbés par voie orale. Chez les travailleurs, l'absorption de pesticides par la voie gastro-intestinale se produit principalement par un contact de la bouche avec les mains contaminées.
Plusieurs pratiques non recommandées peuvent favoriser ce type d'exposition :
L'intoxication aiguë se manifeste généralement immédiatement ou peu de temps (quelques minutes, heures ou jours) après une exposition unique ou de courte durée à un pesticide.
Les signes ou symptômes les plus souvent rapportés lors d'une intoxication aiguë aux pesticides sont les suivants :
Lors d'une intoxication aiguë modérée à sévère comme ça peut être le cas lors d'une exposition à des pesticides inhibiteurs de cholinestérases (insecticides organophosphorés et carbamates), les signes ou symptômes peuvent être plus importants :
La sévérité de l'intoxication varie normalement en fonction du niveau de toxicité du pesticide et de la dose absorbée. En plus de l'ingrédient actif, certaines substances dites inertes présentes dans les formulations commerciales peuvent contribuer à moduler le niveau de risque d'intoxication. Par ailleurs, la voie d'exposition (orale, cutanée ou respiratoire) ainsi que les susceptibilités individuelles pourront aussi jouer un rôle important sur la sévérité des symptômes observés.
L'intoxication chronique survient normalement à la suite de l'absorption répétée pendant plusieurs jours, plusieurs mois et même plusieurs années, de faibles doses de pesticides qui peuvent s'accumuler dans l'organisme. Elle peut être aussi le résultat d'intoxications aiguës répétées.
Les signes sont souvent difficiles à reconnaître et le délai avant l'apparition de la maladie peut être très long. Parfois, celle-ci survient alors que la personne n'est plus exposée aux pesticides depuis des années. Il peut, par ailleurs, être difficile de faire le lien entre l'exposition chronique aux pesticides et les symptômes observés en raison de cette période de latence caractéristique. Les symptômes peuvent se présenter sous forme de malaises persistants auxquels on s'habitue plus ou moins.
Les principaux signes et symptômes possibles d'une intoxication chronique sont :
D'autres effets comme le cancer et ceux sur la reproduction et le développement ainsi que sur les systèmes immunitaire et endocrinien ont aussi été associés avec l'exposition à des pesticides.
Bien qu'une telle démonstration ne puisse être facilement faite chez l'humain, plusieurs études chez des animaux indiquent que certains pesticides pourraient produire des effets sur la reproduction et sur le développement. Parmi les effets possibles, nous pouvons noter les anomalies du développement embryonnaire qui incluent des malformations et des retards de croissance et de développement. L'avortement spontané, la prématurité, la diminution de la fertilité, l'infertilité, la baisse de libido et la diminution de la production et de la mobilité des spermatozoïdes font partie des effets sur la reproduction parfois associés aux pesticides.
La lecture de l'étiquette d'un pesticide indique rarement l'existence de tels risques. C'est pourquoi, il est préférable qu'une femme enceinte ou qui allaite s'abstienne de manipuler des pesticides.
Plusieurs études épidémiologiques ont établi des liens plus ou moins importants entre l'exposition professionnelle aux pesticides et certaines formes de cancers. Bien qu'il soit souvent difficile d'établir de tels liens de façon précise en raison de nombreuses difficultés méthodologiques, il demeure que des associations positives ont souvent été rapportées pour plusieurs cancers spécifiques. Des relations plus fortes, quoique pas toujours précises, ont été observées pour le lymphome non hodgkinien, la leucémie, les sarcomes, le myélome multiple, le cancer du cerveau, le cancer de la prostate et le lymphome de Hodgkin. Des possibilités d'association ont aussi été faites pour le cancer du sein, du poumon, du pancréas, de la vessie, des testicules et de l'estomac.
Plusieurs pesticides ont été classés comme cancérigènes possibles ou probables par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et par l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA).
Certaines études récentes indiquent la probabilité d'une relation entre les pesticides et l'augmentation des risques de maladies infectieuses. La chute de production d'anticorps et les réactions d'hypersensibilité retardées pourraient aussi être associées à l'exposition à ces produits.
Certaines substances de synthèse, dont des pesticides, peuvent perturber le système hormonal ou endocrinien et provoquer un déséquilibre physiologique. Les pesticides soupçonnés être des perturbateurs endocriniens pourraient aussi être associés au développement du cancer du sein, à une réduction de la fertilité mâle, à des dommages aux glandes thyroïde et pituitaire, à la diminution du système immunitaire et à des problèmes liés au comportement. Parmi les autres effets possibles chez l'humain, on peut noter l'obésité, la décalcification des os et le diabète. Certaines données laissent croire que l'enfant, particulièrement au stade fœtal, serait plus vulnérable aux effets des pesticides. Les effets des modulateurs endocriniens sont encore peu documentés, mais la liste des pesticides possédant un tel potentiel s'allonge à mesure que les résultats de nouvelles recherches sont publiés.
Plusieurs pesticides peuvent être responsables d'effets sur le système nerveux, et ce, tant lors d'une exposition aiguë que d'une exposition chronique. En vertu de leur mécanisme d'action sur les neurones sensoriels et moteurs, les insecticides de la famille chimique des organochlorés, des pyréthrinoïdes, des organophosphorés et des carbamates sont particulièrement susceptibles de provoquer une neurotoxicité.
Les effets neurologiques découlant d'une intoxication aiguë sont relativement bien connus; c'est le cas, par exemple, des pesticides inhibiteurs de cholinestérases comme les insecticides organophosphorés et carbamates. Selon la dose absorbée, les effets toxiques peuvent durer des heures, des jours et même des semaines. Certains organophosphorés peuvent aussi causer une neuropathie retardée qui survient généralement à la suite d'une intoxication aiguë très importante. Ce syndrome est caractérisé par des effets cliniques retardés, pouvant apparaître entre une et trois semaines après le début d'une intoxication.
L'intoxication aiguë aux insecticides peut être à l'origine d'incapacités neurologiques à long terme, même si celles-ci n'avaient pas été observées lors de l'apparition des symptômes et des signes cliniques aigus. L'exposition annuelle à de nombreux pesticides pendant plusieurs années pourrait résulter en une détérioration de modérée à sévère des fonctions neurologiques. Une grande variété d'effets neurologiques peut être associée aux pesticides. Les symptômes chroniques les plus souvent observés, à la suite d'une exposition à des pesticides et particulièrement à des insecticides, sont la léthargie, la fatigue, une paralysie partielle et transitoire ou une faiblesse des muscles périphériques des mains et des pieds. Parmi les autres symptômes neurologiques souvent rapportés chez l'humain à la suite d'une exposition répétée à de faibles doses d'insecticides organophosphorés, nous pouvons mentionner la nervosité, la dépression, les difficultés d'élocution, la perte de concentration et une diminution de l'efficacité cognitive. Plusieurs auteurs suggèrent que l'exposition aux pesticides pourrait être un facteur de risque significatif en ce qui concerne le développement de la maladie de Parkinson.
Certains pesticides peuvent aussi être responsables d'effets dermatologiques comme les dermatites de contact qui sont des réactions cutanées inflammatoires, aiguës ou chroniques, provoquées par un agent chimique, biologique ou physique. Ces réactions sont caractérisées par l'apparition de démangeaisons, de rougeurs et de lésions cutanées. Les dermatites de contact peuvent être irritatives ou allergiques.
Certains facteurs, comme la durée de l'exposition, l'humidité relative, l'occlusion ou une température ambiante excessive, sont des facteurs qui pourront influencer la gravité d'une dermatite.
Les dermatites allergiques surviennent normalement à la suite de contacts cutanés répétés avec une substance allergène. La réaction cutanée est retardée et d'origine immunologique. Elle se présente à divers degrés sous forme d'érythème, d'œdème, de vésicules et de papules. La période de latence qui caractérise le processus de sensibilisation peut varier de quelques jours à plusieurs années.
Certains pesticides en contact avec la peau peuvent interagir avec la lumière et provoquer des réactions cutanées. Ce type de réaction est principalement déclenché par des produits activés par les rayons ultraviolets et a l'apparence d'un important coup de soleil.
Les travailleurs sont souvent portés à croire que seuls les responsables de la préparation ou de l'application de pesticides peuvent être exposés de façon significative. Il est certain que la manipulation de pesticides sous leur forme concentrée, constitue un risque supplémentaire d'exposition pour ces travailleurs. Mais, il a aussi été démontré que les personnes qui ont à effectuer des tâches sur un site qui a préalablement été traité avec des pesticides peuvent être exposées de façon significative par voie cutanée. Par exemple, les cueilleurs et les travailleurs affectés au désherbage manuel ou au suivi des cultures peuvent parfois être exposés à des quantités de pesticides similaires ou même supérieures à celle des applicateurs.
Les pesticides persistent pendant une certaine période après l'application et, comme ils peuvent être absorbés par différentes voies, il faut considérer que tous les travailleurs mis en présence de pesticides (avant, pendant ou après l'application) peuvent être exposés à des niveaux significatifs si des mesures de prévention ne sont pas mises en application.
Les intoxications aux pesticides résultent parfois de mauvaises techniques de travail ou de négligence. Afin de limiter le plus possible les niveaux d'exposition aux pesticides, un certain nombre de règles souvent simples et peu coûteuses doivent être respectées.
Mettre fin à l'utilisation des pesticides constituerait le moyen ultime d'éviter toute forme d'exposition ou d'intoxication à ces produits. Or, dans certains milieux, comme l'agriculture conventionnelle, il s'avère difficile de cesser complètement l'utilisation de ces substances. Certaines techniques ou pratiques alternatives permettent toutefois de diminuer les besoins en pesticides. Les nouvelles approches de lutte intégrée permettent d'optimiser la lutte contre les organismes nuisibles en favorisant une utilisation plus rationnelle des pesticides et l'emploi de moyens alternatifs de lutte.
L'équipement de protection individuelle (EPI) sert de barrière contre l'exposition aux pesticides. Afin de s'assurer de protéger les différentes voies d'exposition à ces produits, il faut toujours porter des équipements de protection appropriés au degré et à la nature des risques des pesticides utilisés.
Aucun pesticide ne peut être utilisé de façon sécuritaire sans le port d'équipement de protection individuelle. Le travailleur devrait toujours débuter sa journée de travail avec des EPI propres et en bon état.
Le tableau suivant présente les équipements de protection individuelle recommandés selon le degré de toxicité des pesticides. Ce tableau est un guide général, il est donc important de vérifier les indications de l'étiquette du produit afin de s'assurer que d'autres EPI ne sont pas nécessaires.
Le choix des EPI doit tenir compte des considérations suivantes :
Il faut toujours se laver les mains et le visage après avoir manipulé des pesticides et avant de manger, boire, fumer ou aller aux toilettes. À la fin d'une période de travail avec des pesticides, il faut prendre une douche et mettre des vêtements propres.
Les équipements de protection individuelle qui pourront être réutilisés devraient toujours être nettoyés à la fin d'une période d'utilisation. L'efficacité de cette pratique pour diminuer les risques d'exposition cutanée a souvent été démontrée.
L'entrepôt devrait toujours être fermé à clef et la présence de produits toxiques doit être indiquée de façon très visible de l'extérieur.
Les transporteurs de pesticides doivent se soumettre aux dispositions de la réglementation provinciale sur le transport des marchandises dangereuses
Il est important de transporter les pesticides concentrés dans leur contenant d'origine ou dans un contenant sécuritaire portant un fac-similé de l'étiquette du produit. Les contenants doivent être immobilisés adéquatement et jamais ils ne doivent être transportés dans l'habitacle du véhicule.
Les véhicules servant au transport de pesticides doivent être équipés du matériel nécessaire pour faire face à un déversement (pelle, matière absorbante) ou à un incendie (extincteur).
Il a souvent été démontré que les travailleurs, qui doivent effectuer des tâches sur un site qui a fait l'objet d'un traitement préalable avec des pesticides, peuvent être exposés de façon significative à ces produits. Par exemple, les travailleurs qui effectuent le désherbage manuel ou le suivi des cultures peuvent être exposés par la voie cutanée, et ce, suffisamment pour que se produisent des effets systémiques tant aigus que chroniques en plus d'effets dermatologiques possibles.
Le respect d'un délai minimum entre l'application et le retour à des activités sur le site traité s'est avéré être une des activités de prévention les plus efficaces pour minimiser les risques d'exposition cutanée aux pesticides. Ce délai est appelé délai de réentrée.
L'accès aux secteurs ayant été traités avec des pesticides devrait être interdit avant l'expiration du délai de réentrée. Un panneau avertisseur devrait être mis en place à cet effet lorsque possible. À défaut d'une telle procédure, il est essentiel d'informer les travailleurs que des applications de pesticides ont été effectuées.
Ce délai est parfois inscrit sur l'étiquette du produit. En général, les délais sont compris entre 12 et 48 heures mais peuvent être plus longs selon la toxicité du produit utilisé et les différents types de cultures. Lorsqu'aucun délai n'est proposé sur l'étiquette, des délais provisoires ont été déterminés selon l'approche retenue par L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) suite à une phase de validation de critères de détermination de délais de réentrée en agriculture maraîchère.
Les délais proposés par l'INSPQ constituent des recommandations et n'ont pas force de Loi. Toutefois, lorsqu'aucun délai n'est proposé sur l'étiquette d'un produit vendu au Canada, il est fortement recommandé d'utiliser ces délais provisoires comme moyen de prévention.
S'il est essentiel de retourner sur un site avant l'expiration du délai de réentrée, il faut porter les équipements de protection individuelle normalement requis lors de l'application.
Une fumigation consiste à relâcher un produit chimique toxique de manière à ce qu'il atteigne l'organisme visé à l'état de vapeur ou de gaz. Le concept de fumigant exclut donc les pesticides qui sont appliqués sous forme de fines particules de produits solides ou liquides. Il existe deux principales formes de fumigant : la vaporisation liquide ou les gaz compressés et les applications de granules ou de poussières. Les premiers sont vendus dans des contenants pressurisés ou des "générateurs de fumée" et, lors de leur utilisation, les gaz ou vapeurs toxiques sont libérés immédiatement. Dans la seconde catégorie, le produit chimique utilisé va émettre un gaz fumigant seulement après qu'une réaction chimique aura été produite par le contact du produit avec un autre agent comme de l'eau par exemple.
Il est important de spécifier que la fumigation constitue la technique d'application de pesticides la plus dangereuse.
Il ne faut jamais travailler seul avec des fumigants, spécialement dans des endroits clos. Une seconde personne portant des équipements de protection individuelle et entraînée à l'utilisation des équipements de secours doit être prête à intervenir à tout moment.
Il est très important de s'assurer que l'accès à la zone traitée soit interdit pendant toute la durée du traitement, et ce, à toutes personnes non autorisées ou ne portant pas les équipements de protection appropriés. Il faut toujours apposer une affiche interdisant l'accès au lieu traité et indiquant les risques d'exposition ainsi que la période sécuritaire de retour au lieu traité.
L'affiche devrait contenir les informations suivantes :
Dans le cas des fumigants, il n'existe pas de délai de réentrée prédéterminés comme c'est le cas pour les autres pesticides. Pour ces produits, il faut respecter les concentrations résiduelles maximales recommandées par le fabricant ou par le Code de gestion des pesticides du Québec. Dans certains cas, il faut respecter le délai après aération prescrit par le fabricant. Il ne faut jamais accéder à un site traité avec des fumigants tant qu'une ventilation adéquate n'a pas été effectuée au préalable.
Lorsqu'on contacte le Centre anti-poison, il est important d'avoir l'étiquette du pesticide en cause afin d'accélérer la recherche d'information sur la toxicité du produit et sur le traitement à administrer.
Plusieurs sources d'information complémentaires peuvent être consultées par les travailleurs qui aimeraient se documenter davantage sur les risques et dangers des pesticides. Parmi celles-ci, nous pouvons identifier :
La première source d'information à consulter devrait normalement être l'étiquette du produit. Celle-ci constitue la seule source d'information ayant force de loi et contient l‘information liée à l'utilisation d'un produit commercial. Les fiches signalétiques fournissent généralement les informations de base relatives à la toxicité des pesticides et aux mesures de prévention à respecter avec ces produits. Plusieurs compagnies de pesticides proposent maintenant de telles fiches sur leur site Internet. Selon le système d'information sur les matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT), les utilisateurs commerciaux de pesticides doivent toujours posséder les fiches signalétiques de tous les produits utilisés et les rendre accessibles aux travailleurs. L'employeur doit aussi assurer la formation des employés et veiller à la mise en pratique des connaissances acquises sur les produits contrôlés.
Certains guides de bonnes pratiques ont été publiés au cours des dernières années au Québec. Les guides les plus pertinents en relation avec l'agriculture sont les suivants :
Les pesticides peuvent aussi être toxiques pour l'environnement, les plantes, les poissons, les animaux et pour certains insectes utiles comme les abeilles, les parasitoïdes et les prédateurs. Le danger est accru du fait que les pesticides peuvent se propager au-delà de l'endroit de leur application, à cause de négligence, de phénomènes naturels ou de certaines pratiques culturales. La plupart des informations de cette section sont tirées et adaptées du document suivant :
LAVERDIÈRE, C., F. GAUTHIER et B. GINGRAS, 2004. Pesticides et entretien des espaces verts – Bon sens,bonnes pratiques, Édition 2004 [En ligne], Québec, ministère de l'Environnement, Envirodoq : no ENV/2004/0280, 100 p. consultable sur internet www.mddep.gouv.qc.ca
Plusieurs phénomènes sont à l'origine de l'introduction involontaire des pesticides dans l'environnement. Ainsi, on distingue deux types de pollution par les pesticides, soit la pollution diffuse et la pollution localisée ou ponctuelle.
Divers phénomènes définissent la pollution diffuse, à savoir :
Par ailleurs, la pollution d'origine ponctuelle résulte d'une quantité de pesticides rejetée à un endroit fixe et à des concentrations souvent élevées, par exemple :
La dissémination des pesticides dans des zones situées à proximité des lieux d'application peut, entre autres :
On appelle « dérive » le déplacement dans l'air des gouttelettes pulvérisées (dérive des gouttelettes) ou des vapeurs de pesticides (volatilisation) hors de la zone visée par le traitement. Elle peut constituer une source importante de contamination pour les zones voisines de celles que l'on traite. Les dommages peuvent être importants et il peut en résulter des poursuites judiciaires.
La dérive est influencée principalement par les facteurs suivants :
En réduisant la dérive, on applique la quantité prévue de pesticides sur la zone à traiter. On assure donc par le fait même une meilleure efficacité du produit, tout en diminuant les risques pour la santé et l'environnement.
Comment réduire la dérive?
Au Québec, plusieurs études du MDDEP ont démontré la présence de pesticides dans plusieurs rivières agricoles. Une des causes importantes de cette contamination est le transport des pesticides par le ruissellement de surface. Les pesticides peuvent être entraînés par l'eau et les particules du sol. Selon la persistance du pesticide, cette contamination peut s'étendre tout au long de la saison de végétation et sur plus d'une année.
Le transport des pesticides par ruissellement est influencé par les facteurs suivants :
Le ruissellement de surface se produit lorsqu'il y a une forte pluie, et particulièrement lorsque la surface est dénudée et qu'il y a une pente abrupte.
Comment réduire la contamination par ruissellement?
Le document « Pesticides et eau souterraine : prévenir la contamination en milieu agricole » présente les facteurs et les pratiques qui ont une influence sur les risques de contamination de l'eau souterraine par les pesticides. Ce risque de contamination dépend du potentiel d'adsorption et de la persistance du produit, des conditions climatiques et des propriétés du sol. Le sol joue, en effet, un rôle primordial dans leur dispersion puisque c'est lui qui reçoit, directement ou non, la plupart des pesticides utilisés.
Une fois dans le sol, le pesticide est dégradé par les micro-organismes ainsi que par des processus chimiques et physiques. La dégradation d'un pesticide dépend de sa nature, des conditions climatiques, du type de sol, du taux de matière organique, du pH, de l'humidité et de l'activité biologique dans le sol ainsi que de la capacité des particules du sol à retenir le produit.
Les caractéristiques suivantes augmentent le risque de contamination
En plus de l'adoption de bonnes pratiques agroenvironnementales de gestion des ennemis des cultures et des pesticides, le respect de distances d'éloignement et de zones tampons permet de protéger l'eau et les zones sensibles des risques et dangers des pesticides.
En milieu agricole, des distances d'éloignement sont prévues pour les cours ou plans d'eau et les fossés lors de l'application terrestre ou aérienne de pesticides. Ces distances varient selon la dimension du cours d'eau ou du fossé.
En ce qui concerne la protection des immeubles protégés, des distances d'éloignement sont exigées pour les applications aériennes et terrestres au moyen de pulvérisateurs à jet porté ou pneumatique. Ces derniers sont généralement utilisés dans les vergers et les plantations d'arbres de Noël. Un « tableau descriptif » résume les distances d'éloignement à respecter en milieu agricole selon les lieux où sont effectuées les activités d'entreposage, de préparation et d'application terrestre ou aérienne des pesticides.
En cas de divergence entre l'étiquette et le Code de gestion des pesticides, la distance la plus contraignante s'applique.
Les zones tampons sont des zones de végétation qu'on s'abstient de traiter afin de protéger une zone adjacente, notamment un étang, un cours d'eau, une culture sensible, une culture non visée, un marécage ou un espace boisé.
Les spécifications sur les zones tampons sont réglementées par l'ARLA. Cette information est inscrite sur l'étiquette du produit commercial dans la section relative au mode d'emploi. Il est donc important de très bien lire l'étiquette du pesticide et de respecter les consignes par rapport aux zones tampons.
Le document Critères de qualité de l'eau de surface au Québec est un répertoire qui contient, pour plus de 300 contaminants, des critères de qualité narratifs, numériques et de toxicité globale relatifs à chacun des usages de l'eau. Les usages de l'eau identifiés sont : les sources d'eau potable, la consommation d'organismes aquatiques, la vie aquatique, la faune terrestre piscivore, de même que les activités récréatives.
Après utilisation du pesticide, le récipient contient encore, en moyenne, 1 % de son contenu original et jusqu'à 4 % pour un contenant de 10 litres. Même si cette quantité semble négligeable, elle est suffisante pour représenter un risque pour les personnes et l'environnement. Ainsi, les contenants vides de pesticides doivent être rincés selon la technique du triple rinçage ou rincés sous pression. L'eau de rinçage doit être versée dans le réservoir du pulvérisateur lors du remplissage. Les contenants rincés doivent être retournés dans un des sites de récupération participant au programme permanent de recyclage de Croplife Canada.
Des campagnes de collecte de pesticides périmés (pesticides inutilisables, pesticides dont l'enregistrement a été retiré ou pesticides qui n'ont plus d'utilité) sont aussi disponibles à certaines fréquences. Dans tous les cas, l'information sur les mesures de nettoyage et de récupération est accessible auprès de Croplife Canada.
Au Canada, l'homologation des pesticides est encadrée par la Loi sur les produits antiparasitaires (LPA). L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) est chargée d'administrer la Loi sur les produits antiparasitaires. Une série de règlements encadre l'application de cette loi.
Plusieurs municipalités possèdent des règlements concernant l'utilisation de pesticides en milieu urbain. Ces règlements peuvent encadrer et restreindre à différents degrés l'utilisation de ces produits.
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