Les pesticides officiellement incriminés dans la survenue de la maladie de Parkinson

Dans le Journal Officiel de la République de France, un décret a été publié ce lundi 7 mai 2012, reconnaissant la maladie de Parkinson comme une maladie professionnelle, et mentionnant, de façon très claire, que l’usage des pesticides est l’une des causes de cette pathologie. Cette reconnaissance était très attendue par les agriculteurs qui ont toujours dénoncé le fait que certaines maladies ne soient pas considérées comme la conséquence d’une exposition aux produits phytosanitaires dans le cadre de leurs activités professionnelles. Ce décret est donc un pas important qui montre une accélération des choses dans la reconnaissance des maladies professionnelles. En effet, en 10 ans, on note 5 reconnaissances de lien entre des maladies dont souffrent les agriculteurs et l’usage de pesticides.

Une victoire pour les agriculteurs

Ce décret sonne comme une victoire pour les agriculteurs qui appelaient de tous leurs vœux que l’ensemble des maladies liées à l’usage des pesticides soient reconnues. Dernièrement, lors du Salon de l’agriculture, ils avaient fait du bruit en manifestant par dizaines devant le stand de l’Union des industriels de la protection des plantes afin qu’un classement précis de ces maladies soit fait. Ils en ont profité pour montrer leur colère face au maintien de certains produits qu’ils trouvent dangereux pour leur santé. Aujourd’hui, s’il est officiellement reconnu que la maladie de Parkinson est causée par des pesticides, et qu’elle est de ce fait une maladie professionnelle, les agriculteurs doivent certainement en être heureux et se dire qu’ils récoltent ainsi les fruits de leur lutte. Guillaume Petit, un agriculteur et membre de l’association « Phyto-victimes » affirme que cette décision était longtemps attendue. Si les études de l’INSERM et de l’Université Pierre et Marie Curie avaient déjà évoqué qu’une exposition aux pesticides augmente les risques de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs, c’est cependant après l’examen du Comité de reconnaissance des maladies professionnelles sur 20 cas de maladies de Parkinson que ce décret fut signé. Il en ressort que 5 de ces cas étaient bel et bien liés à l’usage de pesticides.

Une victoire en appelle une autre

Avant la prise de ce décret, les agriculteurs ont pu célébrer la victoire d’un des leurs sur le géant Monsanto. Il s’agit d’un céréaliculteur charentais qui avait poursuivi en justice le célèbre fabricant de produits phytosanitaires pour la dangerosité de son herbicide Lasso, qui a d’ailleurs été retiré du marché en 2007. L’agriculteur a eu gain de cause, une chose qui était inespérée eût égard à la posture de l’accusé. Une autre victoire a été enregistrée le 30 avril 2012, suite à la condamnation de l’Etat pour l’indemnisation d’un autre céréaliculteur, victime d’un syndrome myéloprolifératif issu d’une exposition à un produit contenant du benzène.

Un décret important mais insuffisant

Le décret stipule que les agriculteurs qui ont été reconnus comme souffrant de la maladie de Parkinson moins d’un an après l’usage des pesticides auront une facilité dans leurs démarches auprès des pouvoirs publics. Il est aussi mentionné que la notion de « pesticides » renvoie aux produits à usage agricole servant aussi à l’entretien des espaces verts, les antiparasitaires vétérinaires et les biocides. Tous ces produits sont considérés comme des pesticides, même s’ils sont autorisés ou pas au moment de la demande de l’utilisateur. Pour Guillaume Petit, ce décret est un moyen qui permettra une prise en charge financière de l’agriculteur en fonction de son incapacité à poursuivre son travail. Cependant, si les travailleurs du monde agricole sont heureux de la signature de ce décret, certains professionnels le trouvent insuffisant. C’est le cas du médecin du travail national adjoint de la Mutuelle de la Santé des agriculteurs (MSA) qui aurait souhaité qu’il soit décidé une interdiction totale et immédiate des pesticides. Il justifie sa position par le fait que, selon lui, la plupart des maladies issues des pesticides ne se présentent pas de la même façon, certaines apparaissant 10, 20 ou même 30 ans après leur usage. Le médecin soulève ainsi la question de la naissance de certaines pathologies dont la détection se ferait bien tardivement. En attendant qu’il soit entendu, on espère que d’autres maladies bien connues, et causées par des pesticides, seront classées comme maladies professionnelles.